Ondes et Relativité
Serge Cabala
Aspects historiques des ondes et de la relativité.

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Chapitre VII
Atomes et radioactivité.
Paragraphes 1 et 2.

Paragraphe 1. Précisions sur les conceptions atomiques.
Paragraphe 2. Retour sur la radioactivité.
 

Paragraphe1.
Précisions sur les conceptions atomiques.

    Je reviens un peu sur l'évolution des conceptions atomiques, pour que l'on comprenne bien qu'en 1905, l'image de l'atome, pour ses partisans, était celle d'un corps rigide, et que seuls quelques esprits éclairés (en particulier Lorentz et Langevin) voyaient dans l'électron et l'atome, un état local particulier de l'éther, une onde spéciale dans cet éther.

    Je rappelle qu'en 1905, des scientifiques renommés, s'opposent toujours aux atomes, souvent les mêmes qui s'opposent depuis de longues années à l'éther (Mach, Duhem..). Certains opposants aux atomes, utilisent parfois ce mot, mais pour uniquement désigner les symboles des corps chimiques simples. (Voir en annexe le programme de 1920 des Ecoles Normales.)

    Dès l'antiquité, Démocrite et Leucippe (- 460; -370) supposent que la nature n'est faite que du mouvement des atomes, qui sont solides, pleins, insécables et éternels. Ils sont invisibles car très petits. Ils se meuvent dans le vide et leurs réunions produit génération et vie, leurs séparations corruption et mort.
    Platon (-427; -347) dans le "Timée" associe des formes simples aux éléments alors considérés, la terre, le feu, l'eau et l'air. Le feu a la forme d'un tétraèdre régulier, la terre celle d'un cube, l'eau d'un icosaèdre régulier, et l'air celle de l'octaèdre. Le dodécagone régulier représente le ciel.
    Les quatre éléments de Platon sont assez voisins des atomes de Démocrite, mais pour Platon, les éléments, desquels toute matière est constituée, peuvent aussi se transformer l'un en l'autre. La théorie des quatre éléments fut la base de toute l'alchimie jusqu'au dix-huitième siècle.
    Epicure (-341; -270) reprend la théorie de Démocrite et soutient que seuls les atomes sont éternels, que même notre âme, faite d'atomes subtils, est mortelle.
    Lucrèce (-98; -55) poète latin, dans "De natura rerum" explique par les atomes l'univers physique. Il dit: "Les corps ne sont pas anéantis en disparaissant à nos yeux; la nature forme de nouveaux êtres avec leurs débris et ce n'est que par la mort des uns qu'elle accorde la vie aux autres. Les éléments sont inaltérables et indestructibles... Les principes de la matière, les éléments du grand tout sont solides et éternels, nulle action étrangère ne peut les altérer. L'atome est le plus petit corps de la nature... Il représente le dernier terme de la division. Il existe donc dans la nature des corpuscules d'essence immuable... leurs différentes combinaisons changent l'essence des corps." (Cet aperçu de De Natura rerum est extrait de la conférence de Le Bon faite en août 1907. Voir annexe .)
Lucrèce cherchait une explication mécanique du monde, excluant l'intervention des dieux. La théorie atomique fut fortement condamnée par les églises.

    Les atomes réapparaissent au dix-septième siècle. On prétend que c'est Descartes qui les a réintroduits, car il considère la matière comme formée de particules rameuses (analogues aux têtes de chardon) qui s'accrochent les unes aux autres. Mais Descartes insiste sur le fait que ses particules rameuses sont à leur tour indéfiniment divisibles et qu'elles ne doivent surtout pas être confondues avec des atomes.
    Gassendi (1592; 1655 philosophe et savant français) s'oppose à Descartes et soutient avec des nuances spiritualistes la théorie atomique d'Epicure.
    Robert Boyle (1627; 1691), physicien et chimiste irlandais, rejette la théorie des quatre éléments, et cherche à montrer que les corps sont soit simples et primitifs, soit composé d'éléments primitifs.
    Huygens soutient la théorie atomique et parle même de molécules d'éther.
    Jusqu'au début du vingtième siècle, les termes d'atome et de molécule sont souvent synonymes. (Atome signifie indivisible tandis que molécule veut dire petite masse.)

    Il faut attendre le début du dix-neuvième siècle et les progrès de la chimie, pour que les conceptions atomiques prennent plus de consistance chez certains chimistes.
    Mais les oppositions aux atomes furent très vives tout au long du dix-neuvième et au début du vingtième siècle. (Voir les autres chapitres.)

    Au dix-neuvième, on a peu d'idée de la forme des atomes. Il sont souvent représentés par des boules lisses, mais certains leur attribuent des formes géométriques, ou les représentent munis de dents et de crochets pour expliquer les liaisons chimiques. Johannes Robert Rydberg (1854 1919 physicien suédois) proposa en 1885 des atomes en forme de sphère, de tore, d'ellipsoïde etc...
    L'hydrogène avait la forme d'une boule, l'oxygène celui d'un tore, le sodium la forme d'un ellipsoïde. Ces différentes formes devaient expliquer les combinaisons chimiques.

    La première conception moderne de l'atome est celle de J.J. Thomson en 1904. Il représente l'atome comme une charge positive plus ou moins sphérique, dans laquelle flottent de nombreux électrons. Cette conception sera vite modifiée en concevant l'atome comme un agglomérat d'électrons positifs et négatifs, car d'après les calculs de Max Abraham et les expériences de Kaufmann, l'électron positif est 1830 fois plus petit que le négatif (Voir Ch.VI Paragraphe 1).
    En 1911, Rutherford, en observant le comportement des particules alpha qui passent à travers une fine paroi d'aluminium, conçoit l'atome selon un modèle planétaire. Au centre un agglomérat de charges positives autour duquel tourne un nuage d'électrons négatifs.
    Pour l'atome d'hydrogène, si l'on représente l'électron par un ballon de 20 centimètres de diamètre, le noyau sera représenté par une poussière sphérique de un dixième de millimètre distante de plusieurs kilomètres. On s'aperçoit du vide gigantesque qui règne au sein même de l'atome.

    En juin 1905, à la date d'envoi de la publication d'Einstein sur la relativité, non seulement les atomes étaient très contestés, mais le seul modèle valable proposé était celui de J.J. Thomson, qui pouvait être considéré comme un ensemble de sphères rigides (les électrons positifs et négatifs) collées les unes aux autres.
    En 1911, l'atome de Rutherford aurait du faire prévaloir les vues de Lorentz, mais à cette date, certains doutaient encore de l'existence des atomes, doute qui favorisa la diffusion des idées relativistes d'Einstein, qui se passaient de ces atomes.

    En 1913, Soddy, ayant effectué de nombreux travaux sur les produits radioactifs, proposa le nom d'isotope pour désigner les atomes d'un même élément mais de masse différente. Ce mot isotope fut adopté en 1922 en France.
    En 1920, Rutherforf proposa le nom de proton (qui signifie premier) pour désigner le noyau de l'atome d'hydrogène, mot qui fut adopté officiellement en 1923.

    Niels Bohr (1885; 1962, physicien Danois) améliora la théorie de l'atome de Rutherford en 1913, puis en 1916 et en 1927. Il présenta en 1936, pour le noyau atomique, le modèle de la goutte de liquide, et s'en servit en 1939 pour expliquer la fission. Bohr reprend donc, sans peut-être le savoir, la théorie de la liquéfaction locale de l'éther de Langevin, que j'ai évoquée plus haut en citant Poincaré (Ch.VI Paragraphe 3).
    Entre temps, en 1924, Louis de Broglie associa une onde à toute particule, en particulier aux électrons. Son hypothèse fut confirmée fortuitement en 1927 avec l'observation de la diffraction d'électrons par des cristaux.
    Cette confirmation de la nature ondulatoire des électrons choqua beaucoup Einstein, qui concevait l'électron comme une particule chargée rigide, rigidité qui est la base de toute sa théorie de la relativité de 1905.

    En 1926, Erwin Schrödinger (1887; 1961, physicien autrichien) présenta sa célèbre équation, pour complèter la mécanique ondulatoire de Louis de Broglie.
    Malheureusement l'équation de Schrödinger, pourtant performante pour des calculs dans les atomes, n'est pas relativiste. Il faut la remplacer par l'équation dite de Klein-Gordon, qui ne fournit pas d'aussi bons résultats.
    Il est à remarquer que la conception d'onde en physique est vraiment très vague, il n'y a pas de définition précise. On lit souvent, dans de nombreux manuels, qu'une onde est caractérisée par son amplitude et sa fréquence, car on y assimile toute onde à une onde plane sinusoïdale, ce qui est souvent faux ou très approximatif. De plus, en mécanique ondulatoire la nature même de l'onde étudiée est laissée dans le flou. Que représente l'onde de Louis de Broglie ou de Schrödinger ? Est-ce une onde électromagnétique, comme dans la diffraction des électrons? Une onde de matière? Ou une probabilité de présence de corpuscules?

    Pour préserver la nature rigide des corpuscules et la relativité de 1905, on privilégie souvent la dernière hypothèse (probabilité de présence), mais Einstein lui-même n'y était pas favorable (Dieu ne joue pas aux dés a-t-il répondu lorsqu'on lui présenta cette dernière hypothèse). Les ondes posent de gros problèmes depuis que l'on nie l'existence de l'éther.

    La vision de l'atome à l'heure actuelle reste assez vague; on ignore toujours sa structure profonde, les formules le décrivant n'étant qu'une collection de recettes qui reposent sur des expériences. Cette vision ne pourra guère être améliorée tant que l'on restera dans l'impasse d'une physique basée sur des vertus occultes de l'espace et du temps où se meuvent, dans un vide total, des corpuscules rigides.
 

Paragraphe 2.
Retour sur la radioactivité.

    Le début du vingtième siècle, fut une période où des idées contradictoires se sont affrontées en science (voir ce qui précède), mais le pouvoir militaire, alors omniprésent, a sans doute orienté ou caché certaines recherches, et provoqué certaines tendances économiques et politiques. Ce qui suit en montre la possibilité. Je juxtapose certains faits, parfois très troublants, je pose des questions, mais je ne tire aucune conclusion.
    Je ne fais qu'explorer le contexte brouillé dans lequel la relativité s'est épanouie.

    L'oxyde d'uranium, ou urane, fut découvert en 1789 en cuisant de la pechblende, et l'uranium-métal en 1841, par réduction chimique de l'urane. Jusqu'en 1841, l'urane était aussi appelé uranium, car confondu avec le métal. La production d'uranium fut rapidement assez importante car on l'utilisa dans la miroiterie, la production de céramiques puis d'aciers à haute résistance.

    La radio-activité fut découverte en 1896, le polonium puis le radium en 1898. En 1903 on s'aperçoit que le radium recèle une énergie gigantesque. Gustave Lebon déclare, toujours en 1903, que toute matière contient une énergie formidable, et il estime sa valeur de façon assez correcte(voir Ch.V Paragraphe 6). Le radium déclenche alors, dès 1903, un enthousiasme et un espoir démesuré, on y voit l'énergie de l'avenir. On allait s'éclairer, se chauffer, faire mouvoir les machines à l'aide du radium, et bien d'autres choses encore. Ces perspectives déclenchent une activité fébrile autour des produits radioactifs. Les jeunes scientifiques sont émerveillés par cette nouveauté sans précédent.

    Peu de temps après, Pierre et Marie Curie, Rutherford, Soddy, Hahn etc., décrivent les chaînes de transformations radioactives qui se déroulent dans l'uranium; ils mettent en évidence de nombreux éléments radioactifs, précisent leur durée de vie et leur capacité d'énergie. On s'aperçoit que l'on peut tirer de grandes quantités d'énergie non seulement du radium, mais de nombreux autres produits radioactifs. Voici ce que dit Soddy, dans ses conférences en 1908: "L'énergie dégagée dans la désintégration du radium est presque un million de fois plus grande que celle libérée par un poids égal de matière subissant n'importe quelle transformation connue antérieurement à la découverte de la radioactivité. .... Il y a dans ce flacon, près de 500 grammes d'oxyde d'uranium, et, par conséquent, plus de 400 grammes d'uranium, d'un valeur de 25 francs environ. N'est-il pas merveilleux de songer, que, dans ce petit flacon, l'énergie d'au moins 160 tonnes de charbon sommeille et attend sa libération! L'énergie d'une tonne d'uranium suffirait à éclairer Londres pendant toute une année."
    Le grand avantage du radium à l'époque, réside dans sa très forte activité (il est plusieurs millions de fois plus radioactif que l'uranium naturel pur).
 

Les 3.4 g de radium, contenus dans ce petit
 verre, émettent une vive lumière.

    Il est invraisemblable que les militaires d'alors, qui ne pensaient qu'à améliorer leur armement, soient restés indifférents devant cette énergie gigantesque représentée par le radium; et leur première idée fut sans doute d'essayer d'en faire secrètement une bombe tout en essayant d'empêcher ou de limiter les tentatives ennemies similaires.

    Les premières mines de pechblende -minerai très riche en uranium, qui lui-même contient du radium en très faible quantité- furent exploitées en Bohème (mines de Saint-Joachimsthal au nord de Prague) qui faisait alors partie de l'empire autrichien. Le gouvernement autrichien et les Rothschild subventionnèrent en partie les recherches de Pierre et Marie Curie sur le radium. Peu après sa découverte, le cours du radium devint rapidement titanesque, et le pouvoir autrichien se rendit maître de tout l'uranium et du radium produit sur son territoire. Le radium ne pouvait être exporté qu'avec l'accord du gouvernement, et il était vendu en infimes quantités aux laboratoires étrangers, ou simplement prêté. Les chercheurs de tout pays se plaignirent alors de ce monopole. La production déclarée était de quelques grammes de radium par an, mais elle devait être beaucoup plus importante pour satisfaire les recherches militaires. Il n'y a pas de statistiques officielles de cette production, même à l'heure actuelle. Mais on lit dans le Quid RTL que le Canada produisit 70 grammes de radium en 1939. Dans de nombreuses applications, on remplaça souvent le radium par du thorium bien moins cher.

    En 1908, les connaissances sur la radioactivité étaient suffisantes pour engager des recherches sérieuses sur la construction d'une bombe. Le livre de Frederick Soddy, intitulé "Le Radium", basé sur une série de conférences qu'il a faite en 1908 en Angleterre, est plein d'enseignement à ce sujet, on est étonné par la rapidité et la justesse des acquis.

    Avant de poursuivre, je rappelle le principe d'une bombe à fission, principe que l'on trouve par exemple dans le Quid RTL.
    L'uranium naturel, en grande partie formé d'uranium 238, contient dans une proportion un peu inférieure à 1% (0.71%), un isotope qui est aussi radioactif: l'uranium 235. La radioactivité de cette isotope croit plus vite que la concentration de sa masse. Une boule de deux kilos d'uranium 235 a une radioactivité supérieure à la radioactivité totale produite par deux boules séparées de un kilo. On se doute à partir de cette constatation, qu'une concentration suffisante de cet isotope doit être explosive. C'est ce qu'on appelle la masse critique. Elle est pour l'uranium 235 pur d'environ 15 kilos, et d'environ 21 kilos pour de l'uranium naturel enrichi à 80% d'uranium 235. Le plutonium 239, transuranien obtenu en exposant de l'uranium naturel à une forte radioactivité neutronique (due par exemple à de l'uranium 235 voisin de sa masse critique), a une masse critique beaucoup plus faible, de l'ordre de quelques kilos, 5 kilos enrichi à 80% d'après le Quid RTL, et même d'après d'autres sources, deux kilos pour du plutonium pur; mais le plutonium est très toxique. Une bombe à fission consiste donc à disposer de petites masses séparées d'uranium 235 ou de plutonium, dont le total est bien supérieur à la masse critique, puis de réunir ces masses au moment où l'on désire faire exploser la bombe. Une des solutions adoptées, fut de faire une sphère très creuse en uranium 235, de masse supérieure à la masse critique, et de disposer tout autour de la sphère un explosif chimique. La déflagration de l'explosif chimique transforme la sphère creuse en une boule d'uranium qui dépasse la masse critique et qui explose à son tour.
    On se rend compte que le principe d'une bombe à fission est assez simple, et l'on a constaté, qu'à travers les âges, d'assez fortes réactions nucléaires se sont spontanément produites dans certains sols riches en uranium, de par une concentration naturelle de produits fissibles.

    Le radium ayant l'activité la plus forte (plusieurs millions de fois celle l'uranium naturel pur), a peut-être une masse critique, qui pourrait-être de plus assez faible. On n'arrive pas à trouver de renseignement là-dessus. Une masse de deux cents grammes de radium pur, ou en mélange avec certaines autres substances, a-t-elle une radioactivité plus de deux fois plus grande que celle produite par une masse de cent grammes ? Je n'ai pas trouvé d'indication à ce sujet. Même si une bombe au radium est possible, elle ne peut être qu'expérimentale, vu la très faible production de ce radium. G. Gamow (1904-1968, physicien américain) affirme que, seuls l'uranium 233, l'uranium 235 et le plutonium 239 et 241 sont fissibles ou ont une masse critique, mais rien n'est moins sûr.
(Les noyaux dits fissibles, tels ceux de l'uranium 235 et du plutonium 239, qui se rompent en deux parties à peu près égales, sous le choc d'un neutron, dégagent une énergie plus de dix fois supérieure à celle d'une désintégration spontanée. D'où l'intérêt de ces produits, mais cela n'exclut pas la possibilité de masses critiques pour d'autres.)

    Dans le livre de Soddy, on lit, que le radium dans son activité, produit un gaz appelé émanation du radium par Rutherford, dont la composante principale est appelée radon depuis 1923. Cette émanation hautement radioactive a une période d'environ quatre jours (3.8 jours) et produit les trois quart de la radioactivité du radium. Une masse de radium totalement débarrassée de ses émanations perd ainsi les trois quart de sa radioactivité. Abandonné à elle-même, cette masse retrouve à peu près son activité en un mois, l'émanation initiale s'étant reconstituée. Puisque la période de l'émanation et de 3.8 jours, le calcul montre que chaque mois, le radium, produit au moins cinq à six fois la quantité d'émanation qu'il contient.
    Une puissance considérable se dégage de cette émanation. Voici ce que dit Soddy dans son livre: "Si au lieu de ce qui remplirait la cinquantième partie d'une tête d'épingle, nous pouvions obtenir un demi-litre de ce gaz -et pour en fournir une telle quantité, près d'une tonne de radium pur serait nécessaire- il rayonnerait une quantité d'énergie égale à celle d'une centaine de puissantes lampes à arc. Evidemment, ainsi que Rutherford l'a fait remarquer, aucun vase ne pourrait le contenir. Une pareille quantité d'émanation du radium fondrait et réduirait en vapeur, instantanément, toute matière connue."
    Marie Curie raconte dans ses écrits de 1903, "La découverte du radium et Recherches sur les substances radioactives" qu'ayant un jour, vidé de son air puis scellé, un tube de verre contenant du radium, elle mesura après un certain temps, un température de 300°, et qu'ensuite une explosion éparpilla le tube et son contenu dans tout le laboratoire (l'explosion fut provoquée par la forte pression des émanations gazeuses dégagées par le radium) .

    Donc sans même évoquer la masse critique, on savait que des puissances titanesques pouvaient être engendrées par certains produits radioactifs, et sans connaître vraiment le mécanisme des réactions en chaîne, on était en mesure de provoquer expérimentalement de très violents effets.
    Le radium nouvellement obtenu qui voit sa radioactivité augmenter rapidement durant le premier mois, puis plus progressivement durant le reste de la première année avant de se stabiliser, permettait de supposer que l'on puisse augmenter artificiellement cette radioactivité.
    En enfermant par exemple, quelques grammes de radium dans une enveloppe d'uranium, l'ensemble voit-il aussi sa radioactivité augmenter au cours du temps? Si oui, cela conduit à la supposition, qu'une divergence pourrait être possible. On savait d'après les travaux de Rutherford et Soddy que le radium n'était qu'un des produits de la désintégration de l'uranium, il était donc naturel que l'on chercha à accélérer cette désintégration en soumettant l'uranium naturel, ou un autre produit de sa désintégration, aux rayons très énergiques d'une masse de radium ou de thorium, ou d'un amalgame de radium et d'autres matières.
    On sait maintenant qu'un mélange de radium et de béryllium est une source de neutrons rapides qui transforment l'uranium naturel en plutonium, rendant l'ensemble plus radioactif au cours du temps; ce qui rend plausible la connaissance de réactions en chaîne bien avant sa théorisation officielle en 1939 par Niels Bohr et John Wheeler. (Théorisation basée sur les expériences de Otto Hahn et Fritz Strassman qui débutèrent en 1938, ainsi que les explications de Lise Meitner et Otto Frish. Le neutron fut découvert en 1930, et son nom donné en 1932 lorsqu'on reconnut en lui les caractéristiques d'un "proton neutre".)

    Rutherford et Soddy ont mené, entre 1900 et 1908, sur les quelques dizaines de milligrammes de produits hautement radioactifs dont ils disposaient, un grand nombre d'expériences rendues publiques, et il serait étonnant que des puissances militaires, disposant d'énormes moyens, n'en aient pas menées un plus grand nombre encore, demeurées secrètes. L'histoire, sur le radium, reste très obscure. Il semble vraiment curieux qu'il ait fallu attendre 1945 pour qu'explose la première bombe atomique à fission. 1945, c'est certainement le début de la production en série de bombes bien au point, et pas obligatoirement le premier essai dans ce domaine.

    Militairement, une forte bombe n'est utilisable que si elle est maniable, et que l'on en dispose d'un stock suffisant. Lorsque les Etats-Unis lancèrent le 6 août 1945 la première bombe atomique sur Hiroshima (une bombe de 20 kilotonnes à l'uranium 235), il s'empressèrent de lancer le 9 août une seconde bombe sur Nagasaki (une bombe de 20 kilotonnes au plutonium 239 cette fois), ce qui laissait sous-entendre au reste du monde qu'ils avaient un nombre suffisant de bombes atomiques, capable de refréner toute représaille de qui que ce soit. (Fort de ces succès, des militaires américains avaient même envisagé d'attaquer l'URSS dans la foulée.)
    De plus, il est étonnant de constater qu'officiellement un seul essai fut effectué à Alamogordo (Nouveau Mexique) le 16 juillet 1945, qui plus est avec une bombe au plutonium, avant de lancer quelques jours après celles sur le Japon.
    Des centaines de kilos d'uranium 235 et de plutonium 239 étaient disponibles en 1945, ce qui permettait aux USA de construire des dizaines de bombes. Certes, l'uranium 235 est très abondant par rapport au radium, mais difficile à séparer de l'uranium naturel, et le plutonium assez facile mais long à produire. La première pile atomique, capable de produire un peu de plutonium, ne datant que de décembre 1942, comment a-t-on pu obtenir si rapidement tant de matière fissible? En particulier du plutonium? Et sachant de plus qu'une grosse infrastructure est nécessaire, on ne peut être qu'étonné.

    Mais entre 1903 et 1920 n'aurait-on pas déjà tenté d'exploiter l'énergie radioactive pour en faire une bombe? N'aurait-on pas utilisé les produits radioactifs à des fins militaires? N'a-t-on pas, dans les tranchées, expérimenté l'effet de substances fortement radioactives ? Toujours-est-il qu'une très forte augmentation du taux de cancers fut constatée à l'issue de la guerre de 1914-1918.
    L'histoire montre que l'expérience précède presque toujours la théorie, et la poudre à canon, connue bien avant tout développement de la chimie, en est un exemple frappant. Il en est de même de la machine à vapeur qui fut exploitée pendant plus d'un siècle avant l'élaboration de la thermodynamique.
    L'événement curieux qui suit irait-il dans ce sens? Je précise que je ne fais qu'exposer cet événement sans rien conclure.
    (On trouve les détails ci-dessous dans le Quid RTL à la rubriques Météorites.)
    En Sibérie, dans la vallée de la rivière Toungouska, située au nord-est du lac Baïkal, le 30 juin 1908, à 7h15 heure locale, explosa un soi-disant météorite, et l'expédition avouée, qui se rendit sur place en 1927 seulement, constata que les arbres étaient couchés en cercle, sauf ceux du centre qui étaient toujours debout mais sans branche. On ne retrouva aucun cratère, ni de débris météorique.
    Une grosse explosion avait donc eu lieu en altitude (à plusieurs kilomètres?), provoquant un fort effet de souffle. Les habitants (éloignés) qui virent le phénomène dirent n'avoir vu qu'une énorme boule de feu sans aucun autre signe qui habituellement accompagne la chute d'un météorite (traînées lumineuses). L'unique flash lumineux brûla les vêtements de témoins qui se trouvaient à 60 kilomètres, les arbres furent calcinés dans un rayon de 10 kilomètres, et l'effet de souffle en déracina jusqu'à 100. Un nuage luminescent s'étendit jusqu'en l'Europe, et durant les deux mois qui suivirent l'explosion, le ciel présenta une luminosité inhabituelle. L'énergie qui fut dégagée correspond à 1000 bombes nucléaires du type Hiroshima. L'explication officielle est celle d'un météorite de glace, d'autre prétendent qu'il s'agit d'un trou noir, d'un météorite d'antimatière, ou même de l'explosion d'un réacteur d'O.V.N.I.. Mais ces explications sont incohérentes ou farfelues. Si c'est un météorite, comment se fait-il qu'un unique flash se soit produit? Dans l'état actuel des connaissances, seule une explosion nucléaire en altitude (une bombe accrochée à un ballon par exemple) permettrait de rendre compte des effets constatés, et la luminescence s'expliquerait par une intense contamination du ciel par des poussières radioactives, qui pourraient être du radium, ou d'émanation du radium.
    On remarque que cette grosse explosion s'est produite en été, tôt le matin, comme celles d'Hiroshima et de Nagasaki (30 juin 1908; 6 et 9 août 1945), par temps calme et clair, propice au vol d'un ballon (en 1908).
    Mais officiellement aucune bombe d'une telle puissance ne pouvait exister en 1908, et surtout pas en Russie. Si l'événement s'était produit en 1950, il aurait été tout de suite attribué à une expérience nucléaire russe. Il est vraiment étonnant de constater que peu après la découverte de l'immense potentiel énergétique des substances radioactives, se produise une mystérieuse et immense explosion de type nucléaire, et que 19 ans se soient écoulés avant qu'une expédition ne se rende sur les lieux.
    Et même si l'explosion fut naturelle (ce que j'aurais tendance à croire), les différentes puissances militaires ont certainement pensé à de possibles recherches secrètes, et comme l'empire d'Autriche était officiellement le seul à produire et à avoir le monopole du radium, sa puissance potentielle devait être très préoccupante.
    Je n'affirme rien sur ce phénomène de 1908, chacun en pensera ce qu'il voudra. Je constate simplement que l'histoire est peu claire, et que pour des raisons idéologiques, religieuses ou militaires, les explications (logiques) sont certainement rendues obscures.
 

    La négation des atomes, puis la remise en cause de la physique classique, et enfin la façon ridicule de traiter les partisans de l'éther, auraient-elles été aussi favorisées par une volonté de garder certains secrets scientifiques? Encourager la divulgation d'idées peu intelligibles permet d'espérer une prolongation de ces secrets. Le procédé est connu depuis la haute antiquité; l'école pythagoricienne par exemple, qui débuta au sixième siècle avant J.-C., transmettait, sous le sceau du secret, quelques connaissances scientifiques à ses membres, tout en donnant l'apparence d'un mouvement religieux aux idées complexes; et de ce fait toute étude sérieuse de son histoire est très difficile.

    Les hypothèses et interprétations mécanistes, qui firent faire à la science ses progrès les plus sensibles, sont maintenant dominées par des vertus mystérieuses, vagues et confuses, ce qui rend la physique contemporaine du microscopique et du macroscopique plus semblable à l'alchimie du moyen âge qu'à celles des Newton, Maxwell, Lorentz et Poincaré. Et la sauce mathématique trouble, qui assaisonne ces notions occultes, écarte souvent les esprits honnêtes et rigoureux qui tentent de comprendre.
    Certains penseurs à la logique élastique, qui brassent facilement le vocabulaire à la mode, donnent parfois l'illusion de maîtriser ces idées nébuleuses. Ils sont souvent mis en avant à grand renfort de tapage publicitaire, ce qui affermit ainsi un certain obscurantisme scientifique. L'esprit cabalistique semble prévaloir en haute physique théorique. On ne prononce pas de parole magique, mais on exhibe des formules mathématiques, que l'on interprète confusément en prenant un air inspiré et mystérieux.
    On peut parfois se demander si tout cela n'est pas voulu? Ou si ce n'est qu'un signe de faiblesse de la pensée humaine?
 
    Je termine ce paragraphe en précisant que: Rutherford et Soddy furent, comme J.J Thomson, Lorentz, Poincaré etc., de fervents partisans de l'éther et des atomes.
    Voici ce qu'écrit Soddy en 1908:"Personne à notre époque de télégraphie sans fil, ne saurait nier l'existence de l'éther, milieu universel qui pénètre tout et qui est capable de transmettre l'énergie."
    Je rappelle aussi qu'en 1913 l'anti-atomisme subsiste encore, une des raisons étant que de nombreuses masses atomiques ne sont pas des nombres entiers.
    Or la découverte (grâce à la radioactivité) des isotopes par Soddy détruit cet argument. Voici ce qu'il écrit: "L'absence de toute relation numérique exacte et simple entre les poids atomiques ne peut plus être admise comme une preuve évidente à l'encontre de la vieille hypothèse que les éléments sont construits au moyen d'une ou deux unités primordiales telles que le noyau d'hydrogène, le noyau d'hélium ou d'autres. Car il en est probablement ainsi."
    Le relativisme, ne pouvant plus éviter l'hypothèse des atomes, a du prendre une autre forme, celle que l'on subit actuellement.
 

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