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Au dix-neuvième siècle, les théories
mathématiques sur le continu s'étant bien développées,
on les appliqua à la matière, à l'éther, à
l'espace et au temps.
Et à l'heure actuelle, en mathématiques,
on parle toujours de l'ensemble des réels représentés
par une ligne tracée sur un support matériel quelconque.
Un trait de longueur finie, tracé sur un tableau, est considéré
comme indéfiniment divisible, bien qu'il ne soit formé que
d'un nombre bien fini d'atomes. Et même mieux, il est considéré
comme capable de représenter tous les réels compris entre
les abscisses des extrémités de ce trait. On présente
toujours en mathématiques, les supports matériels, comme
formés d'une substance idéalement continue indéfiniment
extensible et divisible.
En 1902 Henri Poincaré dans son livre "La
science et l'hypothèse" insiste sur ces idées
de continuité. On y lit :"A mesure qu'on connaît
mieux les propriétés de la matière, on y voit régner
la continuité."
Nous avons donc à la fin du dix-neuvième
siècle deux substances fondamentales : la matière palpable
gravifique et massique, et l'éther impalpable massique et non gravifique.
Les différents corps chimiques étaient
officiellement considérés comme formés de substances
élémentaires palpables, sans faire référence
aux atomes.
L'eau était ainsi une combinaison de deux
volumes d'hydrogène et d'un volume d'oxygène.
L'écriture H2O, lorsqu'elle était
utilisée, car on a aussi écrit HO ( S2O6
pour l'acide sulfurique etc.), représentait les volumes des constituants
de l'eau, ou encore les équivalents en masses, nécessaires
à la formation de 18 grammes d'eau. H2O signifiait donc
en équivalents : deux fois un gramme d'hydrogène et une fois
seize grammes d'oxygène. HO signifiait en équivalents : une
fois un gramme d'hydrogène et une fois huit grammes d'oxygène.
Les descriptions atomiques étaient souvent
mal vues, bien qu'employées par de nombreux scientifiques depuis
le début du dix-neuvième et même bien avant.
Leucippe et Démocrite (- 460; -370) célèbres
philosophes grecs parlent déjà d'atomes. On leur en attribue
d'ailleurs l'invention.
Gassendi (1592-1655) reprend, d'un point de vue
surtout philosophique, les conceptions atomiques qui furent occultées
pendant plus de 1500 ans.
Huygens parle de molécules de matière
et de molécules d'éther dans son Traité de la Lumière
(1690) .
Daniel Bernouilli (1700-1782) considère dès
1738 la chaleur d'un gaz comme résultant de l'agitation de ses molécules.
John Dalton (1766-1844) explique, dès 1804,
la chimie par les atomes, et publie en 1808 le premier volume de son "New
System of Chemical Philosophy".
Amedeo Avogadro (1776-1856), en supposant les gaz
de nature atomique, publie l'hypothèse qui porte son nom en 1811.
Charles Adolphe Wurtz (1817-1884), chimiste francais,
fut un un défenseur acharné des idées atomiques.
Dimitri Ivanovitch Mendeleiev (1834-1907) proposait
dès 1869 sa classification périodique des éléments.
Ludwig Boltzmann (1844-1906) partisan des atomes,
développe la théorie cinétique de la chaleur dans
les années 1870 et donne une interprétation mécanique
du second principe de la thermodynamique. Il se suicide en 1906
avant que ses résultats ne soient reconnus.
Mais René Descartes (1596-1650) fut très
défavorable aux atomes de Démocrite. Selon lui, ils "sont
une chimère pure de l'imagination". On peut lire à
la fin du discours premier sur les météores dans le "Discours
de la méthode" : ".., sachez que
je ne conçois pas les petites parties des corps terrestres comme
des atomes ou des particules indivisibles, mais les jugeant toutes d'une
même matière, je crois que chacune pourrait être redivisée
en une infinité de façons, .."
Et de même Wilhelm Gottfried Leibniz (1646-1716)
, célèbre philosophe et mathématicien, inventeur du
calcul différentiel, s'oppose fermement à l'existence des
atomes. Leibniz crut pourtant un moment aux atomes car il écrit
: "Quand j'étais jeune je donnais aussi dans
le Vuide et dans les Atomes, mais la raison me ramena; ....". Dans
une lettre à Foucher il écrit en janvier 1692 : "Mon
axiome que la nature n'agit jamais par saut, que vous mandez que le R.P.
Malebranche approuve, est d'un usage grandissime : il détruit atomos,
globulos secundi Elementi et autres chimères semblables;
il rectifie les lois du mouvement.". Dans une lettre à Huygens
d'avril 1692, il réaffirme son opposition aux atomes car on y lit
: "Relisant dernièrement votre explication
de la pesanteur, j'ai remarqué que vous êtes pour le Vuide
et pour les Atomes. J'avoue que j'ai de la peine à comprendre une
telle infrangibilité, et je crois que pour cet effet il faudrait
avoir recours à une espèce de miracle perpétuel.".
(Je rappelle que pour Huygens, l'espace est rempli d'éther, mais
que cet éther est, selon lui, formé de particules séparées
par des espaces "Vuides". C'est ce vide là que combat Leibniz. L'éther
continu de Leibnitz, est plus compact que celui de Huygens.)
L'Eglise fut aussi de tout temps très opposée
aux atomes, car Dieu manifeste sa puissance infinie tant dans l'infiniment
grand que dans l'infiniment petit.
En cette fin de dix-neuvième siècle,
de nombreuses sommités scientifiques, sont devenues très
hostiles aux conceptions atomiques, comme l'étaient Descartes et
Leibniz, comme l'était et le reste l'église; et certaines
sont même fortement opposées à l'éther.
Par exemples, Pierre Duhem (1861-1916) , physicien
et philosophe français, et Wilhelm Ostwald (1853-1932) chimiste
et philosophe allemand sont pour l'abandon des atomes et la réécriture
complète de la chimie autour du concept d'énergie nouvellement
découvert.
Pour Ostwald : " les hypothétiques
atomes ne sont qu'un fatras commode désignant les interactions énergétique"
et il y a "banqueroute du matérialisme scientifique".
(Remarque : Ostwald, dans son livre "L'Energie" considère Leibniz
comme un atomiste sans préciser que Leibniz ne le fut que dans sa
jeunesse.)
Ernst Mach(1836-1916 physicien et philosophe autrichien
qui influença énormément Einstein), se mettait en
colère lorsqu'on lui parlait d'atomes, et il répondait :
" Vous en avez déjà vu un ?"
En France, cette lutte contre les atomes, qui démarra
sous l'impulsion du chimiste Henri Sainte-Claire Deville (1818-1881), a
atteint son apogée avec Marcellin Berthelot (1827-1907), célèbre
par ses travaux de synthèse en chimie organique.
Il devint ministre de l'Instruction Publique en
1886, et son influence fut telle que dans les années 1920 les manuels
scolaires hésitaient encore à présenter l'hypothèse
des atomes alors qu'ils étaient officiellement admis (voir en annexe:
Un programme de chimie en 1920).
Voici ce qu'on peut lire dans "L'année
Scientifique et Industrielle" de 1878 de Louis Figuier, page
178: "La nouvelle école, l'école
atomistique de M. Wurtz, est en train de nous
faire une chimie barbare et prétentieuse, toute hérissée
de chiffres, de formules, de signes algébriques, et qui ne voit
dans la science des Lavoisier des Berzélius et des Dumas qu'une
espèce de jeu mécanique, qu'une abstraction géométrique,
où l'on néglige les principes, en même temps que l'on
dédaigne les faits du laboratoire." On se rend ainsi compte
de la mauvaise presse des atomes à cette date.
En 1902 Pierre Duhem publie "Le
mixte et la combinaison chimique" dans lequel il tente de prouver
que l'hypothèse atomique est incertaine et inutile.
En 1903, il publie "L'évolution
de la mécanique", où il cherche à nouveau
à nous convaincre par le modèle de la thermodynamique, que
la physique tend vers une théorie, qui exclu les atomes et l'éther,
et renforce les principes fondamentaux. Dans sa conclusion il écrit
: "La création de cette Mécanique fondée
sur la Thermodynamique est donc une réaction contre les idées
atomistiques et cartésiennes, un retour -bien imprévu de
ceux-là mêmes qui y on ont le plus contribué- aux principes
les plus profond des doctrines péripatéticiennes."
Je rappelle que les doctrines péripatéticiennes
sont celles du philosophe grec Aristote (-384; -322); et que Descartes
voyait l'univers comme une grande mécanique.
Ce que Duhem écrit à la fin du chapitre
un de la première partie de son livre, montre bien son penchant
nettement aristotélicien : "Si l'on demande,
par exemple, pourquoi l'aimant attire le fer, on répondra qu'en
présence de l'aimant, la substance du fer est altérée,
qu'elle acquiert une certaine qualité occulte, la vertu magnétique,
et que la nature de cette vertu est de mouvoir le fer vers l'aimant. Les
observations des physiciens pourront détailler cette explication;
elles pourront préciser les marques particulières de la vertu
magnétique et du mouvement qu'elle détermine; mais elles
ne pourront rien découvrir au delà de cette qualité,
qui en soit l'explication; elles ne pourront la réduire à
rien de plus élémentaire ni de plus simple, car elle est
la cause propre et ultime des phénomènes observés."
Juste avant, dans ce même livre, Duhem écrit
: "En effet, lorsqu'une mixtion se produit, les substances
des éléments perdent leur existence actuelle; dans le mixte,
elles ne sont plus qu'en puissance; on peut les en tirer de nouveau par
l'analyse chimique, qui fait passer ces substances de la puissance à
l'acte; il y a alors corruption du mixte et génération
des éléments."
Dans une annexe de ce livre, il fait une critique
très élogieuse et donne de larges extraits du livre de Mach
ci-dessous.
En 1904 on traduit en français sous le titre
"LA MECANIQUE", un ouvrage de Mach
dont la préface est datée de juillet 1903, et dans lequel
on lit au chapitre V:
" Lorsque, par exemple, on
explique les phénomènes chimiques, électriques, optiques,
par des théories atomiques, cette conception auxiliaire des atomes
n'a pas été donnée par le principe de continuité;
elle a, au contraire, été construite dans ce but précis.
Bien plus, on leur attribue en partie des propriétés contradictoires
avec les faits observés jusqu'ici. Certes, les théories atomiques
peuvent servir à grouper des séries de faits, mais l'investigateur
de la nature, qui s'est pénétré profondément
des règles posées par Newton, ne considérera ces théories
que comme des auxiliaires provisoires et s'efforcera de leur substituer
une conception plus naturelle. .... On arrivera alors à une physique
homogène, sans faire appel à
l'artifice des théories atomiques. "
On se rend compte par ces extraits de Duhem et de Mach, qui sont des physiciens hautement renommés, à quel point était forte leur volonté de se débarrasser des atomes et de l'éther, et de les remplacer par des mixtions, des vertus, et des principes.
L'éther est cependant en général
mieux accepté que les atomes, et cela de tout temps. Démocrite,
par ses atomes, excluait les interventions divines; alors que l'éther
était le siège des dieux.
Descartes et Leibniz étaient pour l'éther
et contre les atomes. Lorsque Duhem, dans un des extraits cités,
parle des idées cartésiennes, il entend par là les
explications mécanistes de Descartes, et en particulier celles qui
font référence à l'éther.
J'insiste sur cette conception officielle de la matière,
qui ne reconnaît pas les atomes, elle est une des clés, qui
explique le succès du principe de relativité.
Elle incita les scientifiques à cautionner
un principe, qui justement permettait de respecter la continuité
des corps solides en se passant des atomes, et qui de plus conservait les
propriétés intrinsèques de ces corps; les dimensions
en particulier. Car presque personne ne remettait en cause, même
chez les atomistes, le principe du corps idéalement rigide. Une
barre faite d'une substance vraiment très dure était pour
la plupart, une référence de longueur indépendante
de la position et de la vitesse de cette barre. (Sauf pour Lorentz et quelques
autres.)
Pour la majorité qui l'acceptait, l'éther
à l'extérieur des corps matériels devait glisser à
leurs surfaces, mais cet éther pouvait aussi pénétrer
les corps, s'y accumuler, les traverser avec plus ou moins de vitesse.
L'action de l'éther sur un corps matériel
était conçue comme semblable à l'action de l'air sur
une passoire ayant des trous plus ou moins gros, plus ou moins serrés.
L'éther et la matière étaient deux choses bien distinctes,
chacune ayant ses propres propriétés.
Les atomes ne furent presque définitivement
admis qu'à partir de 1913 lorsque Jean Perrin publia son livre intitulé
: "Les atomes", dans lequel il donne
de multiples preuves de leur existence.
Ce qu'il y a d'étrange, c'est que la réalité
des atomes admise, puis leurs propriétés assez bien dégagées,
on continua à raisonner sur le corps matériel comme s'il
était continu, ou comme s'il était formé d'un amas
de billes rigides collées les unes au autres; et on continua à
lui attribuer les mêmes propriétés intrinsèques,
propriétés posées même comme principes de base.
Ce que l'on continue à faire.
Parmi les fondateurs de ces principes on retrouve:
Thomas Young qui dès 1807 publia quelques idées sur l'énergie. Il introduisit le mot énergie (energy) pour remplacer l'expression force vive (vis viva).
Lazare Nicolas Marguerite Carnot (1753-1823), général, homme politique, et savant à ses heures, qui dans son "Essai sur les machines en général", émet le premier l'idée d'une énergie potentielle qu'il appelle "force vive latente", et énonce la loi de conservation du travail.
Sadi Carnot (1796-1832) fils du précédent, qui pubia en 1824 ses "Réflexions sur la puissance motrice du feu et les machines propres à développer cette puissance". En comparant la chaleur à un fluide qui s'écoule d'une source chaude à une source froide, il trouve le rendement maximal que peut avoir une machine thermique (à vapeur par exemple). L'équivalence chaleur travail était inconnu du temps de Carnot, son travail est donc d'autant plus méritant que la base repose sur des conceptions incorrectes de la chaleur.
Emile Clapeyron (1799-1864) qui publia en 1834 un livre intitulé "La force motrice de la chaleur" dans lequel il reprend commente et développe le travail de Sadi Carnot, et qui introduisit en 1843 la notion de transformation réversible.
James Prescott JOULES (1818-1889) qui formula en 1841 la loi dite de Joule, loi donnant l'énergie dégagée par une résistance parcourue par un courant, et qui par des expériences célèbres menées entre 1843 et 1850 détermina l'équivalent chaleur travail (une calorie égale 4.185 joules) . Les travaux de Joule furent difficilement acceptés, sa publication fut refusée par plusieurs grands journaux, c'est William Thomson alors jeune physicien hautement estimé, qui en montra tout l'intérêt. Joules interprète la chaleur comme une agitation d'atomes, conformément à l'école anglaise.
Julius Robert von Mayer (1814-1878) physicien et médecin allemand qui énonça le premier principe de la thermodynamique au début de 1842. Il établit, avant Joule, l'équivalence des énergies mécaniques et thermiques (une calorie équivaut à environ 4 joules), et montra en 1845 que les plantes vertes réalisent des synthèses chimiques en transformant l'énergie lumineuse en énergie chimique. Voici ce qu'on lit dans sa publication de 1842 : "... - qu'à la chute d'un poids de 365 métres environ correspond la quantité de chaleur nécessaire pour élever de 0° à 1° la température d'un même poids d'eau." On constate que Mayer sous-estime légérement l'équivalent de la calorie en joules. Mayer utilise toujours le terme de "force" pour désigner l'énergie. Les "Annalen der Physik" n'ayant pas répondu à la demande de publication de Mayer en 1841, Mayer publia son article, entre temps amélioré, dans les "Annalen der Pharmacie und Chemie" en 1842. Le fait que Mayer ne fasse pas référence aux atomes, fit de lui le fondateur de l'école énergétique. W. Ostwald (1853-1932), très opposé aux atomes, fut un grand admirateur de Mayer, qu'il considère comme l'inventeur des idées modernes sur l'énergie.
William Rankine (1820-1872) physicien écossais,
qui publia en 1855 l'ébauche d'un science qu'il nomma l'Energétique.
On doit aussi à Rankine l'introduction du terme énergie
potentielle. Il distingue deux énergies : l'énergie
potentielle et l'énergie actuelle (actuelle pour en action,
active).
Voilà ce que dit Rankine : "J'ai
été encouragé à persévérer dans
l'emploi de ces expressions par le fait qu'elles ont été
immédiatement approuvées par Sir William Thomson;..".
Pour Rankine : la somme des énergies potentielle et actuelle de
l'univers demeure constante.
Chose curieuse, Ostwald considère Rankine
comme un mécaniste, alors que Duhem le range du coté des
anti-mécaniste et le considère comme une grande figure de
l'Energétique.
Voici ce qu'Ostwald pense de Rankine. Dans son livre
L'Energie §65 on lit : "Si nous refusons toute
valeur, au point de vue du développement de l'énergétique,
aux idées de Rankine, qui d'ailleurs manquent de clarté,
la justice veut que nous fassions une exception pour l'une d'entre elles.
Cette idée ne l'a pas conduit, il est vrai, à des résultats
nets, mais d'autres en ont tiré un parti important." . Au
§64 de ce même livre, Ostwald écrit, toujours à
propos de Rankine : "Mais ce qui le (Rankine)
distingue nettement et tout à son désavantage de Mayer, c'est
qu'il s'en tient absolument à l'hypothèse mécaniste
de Joule et de Helmholtz, méconnaissant ainsi ce qu'il y a d'essentiel
dans la véritable énergétique, à savoir qu'elle
n'a besoin de recourir à aucune hypothèse."
La fin de ce paragraphe présente une autre
des raisons des réseves d'Oswald sur Rankine.
Herman Ludwig Ferdinand von Helmholtz (1821-1894) physicien et physiologiste allemand, qui, sans connaître les résultats de Mayer, affirma aussi, en 1847 la conservation de l'énergie. Il interpréta les phénomènes physiques comme changement de forme de l'énergie et définit de ce fait l'énergie potentielle. La publication d'Hemholtz fut, comme pour Mayer, refusée par les "Annalen der Physik". Helmholtz affirme que la tâche de la physique est de ramener tous les phénomènes physique à la mécanique. Ses conceptions sont proches de celles de l'école anglaise. Helmholtz, comme Mayer, utilise le mot "force" à la place d'énergie.
Rudolf Emanuel Clausius (1822-1888) physicien allemand
qui mit en vue en 1850 le principe de la dégradation de l'énergie
et qui définit l'entropie en 1865.
Son important article de 1850 "Sur
la force motrice de la chaleur et les lois que l'on peut tirer de l'étude
de cette question au profit de la théorie de la chaleur."
fut publié par les "Annalen der Physik". Quatre ans après
commencent ses premières publications sur l'entropie. Clausius est
l'inventeur du mot entropie (entropia signifie retour en arrière
en grec), que l'on retrouve dans sa célèbre phrase : "l'entropie
de l'univers tend vers un maximum.". Cette phrase fut énoncée
après que Thomson eut appliqué à l'univers entier
les résultats de Clausius (voir ci-dessous).
William Thomson (1824-1907; annobli en 1892 sous le nom de Lord Kelvin) qui montra en 1854 l'importance des travaux de Sadi Carnot. Mais dès 1849, Thomson publia un article inspiré par les idées de Carnot. Le second principe de la thermodynamique est appelé principe de Carnot, ou principe de Clausius. Thomson généralisa l'emploi du mot énergie. Il passa des expressions énergie statique et énergie dynamique, à énergie potentielle et énergie actuelle, puis à énergie potentielle et énergie cinétique. Thomson conclut des travaux de Clausius que les énergies de l'univers se dissipent constamment en chaleur sans aucun retour intégral possible. Il nomma "dissipation" cette dégradation constante de l'énergie de l'univers. En 1848, Thomson avait déjà défini le zéro absolu comme l'absence d'agitation des atomes (l'échelle centésimale des températures qui part du zéro absolu est maintenant appelée échelle des degrés Kelvin).
Peter Guthrie Tait (1834-1901) physicien et mathématicien écossais qui distingue l'énergie dormante de l'énergie active, puis remplace l'expression énergie actuelle de Rankine par énergie cinétique.
Le mot énergie avec son sens physique, ne se trouve dans le dictionnaire français qu'à partir de 1875, à partir de 1851 en Angleterre (energy).
W. Ostwald fut opposé à cette distinction entre "énergie cinétique" et "énergie potentielle" car pour lui, il y a plusieurs sortes d'énergies -"énergie chimique", "énergie électrique", "énergie gravifique", "énergie thermique", "énergie mécanique", etc..., et même "énergie nerveuse"- , qui toutes admettent un équivalent en "énergie cinétique" ou "énergie mécanique". Ostwald refuse donc le terme "énergie potentielle" ou "énergie dormante" qui recouvre toutes les formes d'énergie différentes de l'énergie cinétique, car cela donne à cette dernière une importance particulière qui sous-tend les conceptions mécanistes et atomiques de l'école anglaise.
Remarque : Walther Nernst (1864-1941, chimiste et physicien allemand),
qui énonça en 1906 seulement le troisème principe
de la thermodynamique, ne peut faire partie des fondateurs.(Ce troisième
principe dit qu'au zéro absolu, la variation de l'entropie est nulle
et que cette entropie peut être prise égale à zéro.)