Ondes et Relativité
Serge Cabala
Aspects historiques des ondes et de la relativité.

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Chapitre V
Période 1887-1905
 
Paragraphe 3.
Le tube de Crookes.

Le tube de Crookes.
    William Crookes (1832-1919) construisit dès 1876 des tubes en verre auxquels on donna son nom.
    Qu'est-ce que le tube de Crookes ? C'est tout simplement un tube de Geissler dans lequel le vide est toujours très poussé, de un centième à moins de un millième de millimètre de mercure pour les meilleurs, avec une cathode sous forme de disque plat ou concave, et une ou plusieurs anodes.
    Ces tubes sont encore appelés tubes à cathode froide. Ils sont très semblables au tube d'oscilloscope, mises à part les électrodes.
    La différence de potentiel entre la cathode négative et l'anode positive est élevée, généralement plusieurs milliers de volts. Cette tension est obtenue à l'époque à l'aide d'une bobine de Ruhmkorff , d'une machine électrostatique ou d'une batterie de piles..

    Après avoir réexaminé les découvertes d'Hittorf, Crookes s'est beaucoup attaché à étudier les actions calorifiques des rayons cathodiques. Le tube (4) des figures ci-dessous, est un tube construit par Crookes, pour démontrer la production de chaleur.
    La violence des effets obtenus (ils peuvent même percer le tube en verre) conduisit Crookes et certains scientifiques, à attribuer aux rayons cathodiques une origine corpusculaire. Crookes affirma en 1879 qu'il s'agissait d'un état ultra-gazeux de la matière, son quatrième état.

    William Crookes avait construit en 1876 un appareil qu'il nomma radiomètre et qui passionna le monde scientifique. Un radiomètre est une ampoule de verre vide qui contient un petit moulinet qui tourne sous l'action de la lumière. Son fonctionnement, qui fut trouvé en 1877, s'explique par l'action du gaz résiduel de l'ampoule. Un surplus de vide arrête la rotation du moulinet, tout comme un manque de vide. C'est par ce modèle, de molécules pondérables qui peuvent faire de grands trajets en ligne droite dans un vide poussé, que Crookes expliquait les rayons cathodiques. Pour Crookes, dans cet état ultra-gazeux, qu'il appela état radiant - terme emprunté à Faraday -, les molécules qui entrent en contact avec la cathode se chargent d'électricité négative, puis sont violemment repoussées en ligne droite par cette même cathode. Elles heurtent la paroi face à la cathode, puis viennent se décharger à l'anode. Selon Crookes, ces mêmes molécules se chargent de moins d'électricité positive que de négative, le faisceau le plus violent ne peut donc être issu que de la cathode. En 1886 Goldstein ayant percé la cathode comme une passoire, s'aperçu qu'un nouveau faisceau, se produisait à l'arrière, on le baptisa rayon canal. Il est moins puissant que le faisceau cathodique, et se trouve chargé d'électricité positive. Cette découverte semblait confirmer la théorie de Crookes.
    (Les rayons canaux sont effectivement composés de molécules chargées positivement. Mais si l'on accentue encore le vide dans l'ampoule comme on le fera par la suite, les rayons canaux diminuent, tandis que les rayons cathodiques restent.)

    D'autres scientifiques, tels Hertz, Wiedemann, Tait, pensaient que les rayons cathodiques étaient de nature ondulatoire. Hertz avait cru établir expérimentalement que ces ondulations ne transportaient aucune électricité, et qu'elles ne déviaient pas une aiguille aimantée.
    Les discussions sur la nature ondulatoire ou corpusculaire des rayons cathodiques durèrent jusqu'en 1895, jusqu'à ce que Jean Perrin eut prouvé, en utilisant le tube (3) ci-dessous, que les rayons cathodiques étaient chargés d'électricité négative.

L'exprérience de Jean Perrin en 1895 {tube de Crookes (3)}
    Le faisceau cathodique issu de N, lorsque le faisceau n'est pas dévié, charge l'électroscope d'électricité négative par l'intermédiaire du tube ABCD. Si on dévie le faisceau à l'aide d'un aimant de manière à ce qu'il ne pénètre plus dans le tube anodique EFGH, on constate que l'électroscope ne se charge pas. Le résultat de Perrin montrait que Hertz s'était trompé dans ses expériences, ce qui renforça la théorie corpusculaire des rayons cathodiques.

L'explication ondulatoire de Hertz sera reprise en 1924 sous une autre forme par Louis de Broglie, en accompagnant chaque électron d'une onde. Mais déjà en 1904, Lorentz pensait à une nature ondulatoire de l'électron (voir plus bas les travaux de Lorentz).
 

Quelques tubes dits de Crookes
On mit en évidence dans ces tubes un flux important qui semblait sortir de la cathode. Le tube avec la croix de malte (1), ou celui avec le moulinet (5) permettent de le détecter. Le tube (3) sert à prouver que le flux est chargé d'électricité négative, le tube (2) que le flux est dévié par un aimant, et le tube (4) qu'il est capable de rougir et de faire fondre une tige de platine (b) placé sur son parcourt. Le tube (6) sert à prouver que l'emplacement de l'anode a peu d'importance lorsque le vide est très poussé (traits pleins), contrairement à un vide moyen (traits pointillés).
 
Démonstration des effets des tubes de Crookes vers 1890
    Remarquer l'énorme bobine de Ruhmkorff (10) avec son vibreur de Foucault (8) qui améliore le rendement et augmente la tension. On reconnaît de gauche à droite certains des tubes de l'image précédente. Les tube (2) et (3) servent à montrer l'influence de la forme de la cathode, le tube(6) contient un rubis qui prend une belle couleur incandescente une fois le tube sous tension, le tube (9) correspond au tube (2) de la page précédente. Remarquer aussi les deux grosses piles au bichromate de potassium sous les mains de l'expérimentateur de droite.
 
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