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Cette expérience est toujours présentée
comme la preuve indiscutable des fondements ou principes de la relativité
d'Einstein.
Albert Michelson, est un physicien américain
né en pologne en 1852 , mort à Pasadena Californie en 1931.
Il mit au point en 1881 un interféromètre
qui devait permettre de déceler le mouvement de la terre à
travers l'éther. Les résultats obtenus en 1881 à Berlin
furent négligeables.
Edward Williams Morlay physicien et chimiste américain
(1838-1923) reprit en 1887 avec Michelson l'expérience de 1881.
Le matériel employé était des plus sérieux.
L'interféromètre, construit dans un
sous-sol du campus de l'Université de Cleveland (Etats-Unis), était
monté sur une grosse pierre de granite carrée posée
sur un cylindre de bois flottant dans du mercure. La rotation de la table
pouvait ainsi se faire sans difficulté. La table était très
massive car on pensait ainsi éviter les influences du vent d'éther
sur sa forme, telle une pierre très dure dans un courant d'eau.
La table faisait environ 120 centimètres de
coté et 40 centimètres d'épaisseur.
La longueur du trajet lumineux avoisinait onze mètres
pour chaque sens. Le montage et le réglage de l'appareil était
délicat, mais tout à fait à la portée des excellents
expérimentateurs qu'étaient ces deux scientifiques.
Le principe parait à priori compliqué.
Expliquons le trajet suivi par la lumière
dans cet appareil.
Un faisceau lumineux issu de la source pénètre
le premier verre semi-argenté.
Sur la partie argentée du verre (située
au bas du verre dans le dessin) le faisceau se sépare en deux rayons.
Le premier rayon continue son chemin, traverse le
second verre qui n'est la que pour égaler son trajet à celui
suivi par le second rayon qui sera vu plus bas, rebondit sur tous les miroirs
placés sur la seconde diagonale du carré, revient en sens
inverse et pénètre dans la lunette après réflexion
au retour sur la partie argentée du verre semi-argenté. (Il
parcourt ainsi 22 mètres).
Le second rayon, réfléchi par la partie
argentée, rebondit sur tous les miroirs situés sur la première
diagonale du carré, retraverse le verre semi-argenté et pénètre
dans la lunette d'observation.
Le miroir réglable permet de modifier légèrement
la longueur d'une des trajectoires suivie par la lumière, ou d'avoir
deux chemins supposés de même longueur.
En ajustant ce miroir, on fait apparaître
ou disparaître (on modifie) les interférences observées
dans la lunette.
L'expérience de 1887 consiste en ceci: on
cale l'appareil dans une direction, on supprime les interférences
observées dans la lunette en réglant le miroir mobile, on
tourne l'appareil de quatre-vingt dix degrés sur son socle sans
modifier les réglages précédents, puis on observe
de nouveau ce qui se passe dans la lunette. Le résultat fut rien
ou presque, et ceci quelque soit la position de départ.
Michelson s'attendait à voir apparaître
des interférences pour certaines positions de départ.
Si maintenant au départ on fait apparaître
des interférences, celles-ci demeurent sans grand changement quelque
soit la position ultérieure de l'interféromètre.
Remarque: en réalité, la table tournait
lentement en permanence sur son bain de mercure, et les mesures et réglages
étaient faits à la volée. Pour un réglage donné
du miroir ajustable, on notait soixante fois par tour les variations éventuelles
des interférences, les expérimentateurs suivaient la table
en marchant.
Michelson était fermement convaincu de l'existence
de l'éther comme beaucoup de scientifiques de l'époque, il
crut que l'éther était entraîné par la terre.
L'expérience fut refaite dans un sous-sol en 1904 par Morlay et
Miller sur des tables de différentes matières, puis à
l'air libre et en altitude en 1905 et 1906. Elle fut aussi effectuée
dans un ballon en 1926 par Auguste Picard. Michelson renouvela encore son
expérience en 1928 avec un appareil très sensible. Les résultats
furent toujours négatifs ou presque.
Le vent d'éther sur la matière, matière tel que
la conçoivent alors les scientifiques, demeure non détectable.
De 1887 à 1928, les conceptions de la matière
ont pourtant beaucoup évoluées. En 1928 on savait que les
atomes étaient très distants et attachés les un aux
autres par des champs électromagnétiques, champs électromagnétiques
qui étaient pour les partisans de l'éther des vibrations
de cet l'éther. Or ces vibrations sont modifiées par le vent
d'éther. Les vibrations modifiées rapprochent les atomes
les uns des autres et rendent négatif le résultat de l'expérience
de Michelson et Morlay. Ce résultat négatif est une preuve
supplémentaire de l'union des atomes par des champs électromagnétiques,
et pas l'inexistence de l'éther.
Ce raisonnement ne fut pas fait par Michelson et
ses amis. En 1928, la relativité selon Einstein s'étant imposée,
toute discussion sur l'éther devenait difficile.
Expliquons maintenant comment l'interféromètre
devait détecter le vent d'éther.
Pour commencer, simplifions l'appareil en rendant
rectiligne le trajet effectué par la lumière.
Les bras sont o m1 et o m2 . L'épaisseur du
verre demi-argenté est supposée négligeable ce qui
évite le second verre. On pose L la longueur commune des deux bras.
Un éclair de lumière issu de la source
se partage en o en deux rayons qui se dirigent l'un sur M1 et l'autre sur
M2. Des miroirs ils reviennent sur le verre. Celui issu de M1 traverse
(en partie) le verre et tombe dans la lunette. Celui issu de M2 se réfléchi
(en partie) sur le verre et tombe aussi dans la lunette. Si les deux bras
sont rigoureusement égaux et immobiles dans l'éther, les
deux rayons arrivent simultanément à la lunette (il n'y a
pas d'interférence).
Supposons maintenant l'appareil en translation uniforme
dans l'éther, de gauche à droite par exemple. On suppose
de plus que ce mouvement n'a aucune influence sur l'orthogonalité
des bras. Soit v la vitesse de translation, et c la vitesse de la lumière,
vitesses données par rapport à l'éther immobile. Pour
rendre l'explication plus générale, notons L1
la longueur du bras o m1 et L2 celle du bras o m2. L'éclair
de lumière issue de o et qui rebondit sur M2 revient en o au bout
du temps
, avec
.
Celui issu de o et qui rebondit sur M1 revient en
o au bout du temps .
Formule qui se trouve en considérant le trajet
suivi par ce rayon lumineux dans l'éther.
Ce dernier trajet est formé par les deux cotés égaux d'un triangle isocèle de hauteur L1 et de base vt1 . Comme dans la figure ci-après.
La lumière issue du miroir demi-argenté
situé alors en o se dirige en oblique sur le miroir M1 puis revient
sur le miroir demi-argenté lorsque celui-ci se trouve en o'.
Si L1=L2, alors t1 =
b t2 , soit t1 différant de t2.
Ce qui se traduit par une interférence visible dans la lunette.
Si t1=t2 , aucune interférence
n'apparaît dans la lunette, mais dans ce cas on a : L2 =
b L1 .
On règle l'appareil de manière à
n'avoir aucune interférence ce qui donne t2 = t1
et L2 = b L1 .
On tourne ensuite l'appareil de quatre vingt dix
degrés, et on constate aucune interférence dans la lunette,
on en conclu que t2 = t1 et que L1 = b
L2 .
Soit donc b=1 ce qui semble impossible car la terre
n'est pas immobile dans l'espace (elle se déplace aux environs de
27 km/s), ou alors le bras placé dans la direction du vent d'éther
se raccourci toujours du facteur multiplicatif b.
L'expérience recommencée en 1904, par
Morlay et Miller, avec des bras de différentes matières donne
toujours le même résultat. La contraction obtenue est universelle,
indépendante de la nature des corps, dépendante uniquement
de la vitesse v.
Remarque: pour être certain que t2
= t1, l'absence d'interférence doit être obtenue
pour toutes les sources lumineuses monochromatiques. Le réglage
est bon si l'absence d'interférence demeure lorsqu'on remplace la
source lumineuse par une autre quelconque.
Il semble donc, d'après cette expérience,
que tout corps matériel subit de la part du vent d'éther
une contraction d'un facteur b dans la direction de ce vent d'éther.
Cette contraction universelle fut émise la
première fois par Fitzgerald en 1893, elle permet d'expliquer aussi
pourquoi le résultat reste négatif quelque soit la position
de départ des bras.
On peut s'étonner que Michelson ne l'ai pas
émise le premier. Je pense que Michelson voyait trop les corps solides
comme des poissons circulant dans de l'eau, alors que Fitzgerald, un des
continuateurs des travaux de Maxwell, les percevait comme des complexes
de charges électriques circulant dans cet éther, ce qui lui
a sans doute permis d'accepter cette universalité de la contraction.
Fitzgerald n'a pas expliqué cette contraction, mais l'explication
semblait pour les partisans de Maxwell résider dans des considérations
électromagnétiques, ce que prouva Lorentz un peu plus tard.
En 1913 et 1914, G. Sagnac éffectua l'expérience
suivante, dite expérience du plateau tournant.
C'est une variante de l'expérience de Michelson
et Morlay qui consiste à détecter la rotation absolue d'un
plateau sans faire référence aux objets extérieurs.
Or contrairement à l'expérience de
Michelson et Morlay, celle-ci donne un résultat parfaitement positif.
La source de lumière, les miroirs et la lunette
sont fixés sur le plateau circulaire, qui peut tourner autour d'un
axe qui passe par son centre.
Expliquons le fonctionnement de cet appareil.
Un rayon lumineux (représenté en violet
ici) issu de la source, se partage en deux sur le miroir demi-transparent.
L'un des rayons, celui représenté
en jaune, tourne autour du plateau dans le sens des aiguilles d'une montre.
L'autre, représenté en bleu clair,
tourne en sens contraire.
(Les rayons lumineux sont tous de même "couleur",
mais représentés par des couleurs différentes sur
le shéma.)
Au bout d'un tour, après réflexion
sur tous les miroirs, les deux rayons se rejoignent dans la lunette.
L'expérience consiste en ceci : le plateau
étant à l'arrêt, on note les interférences obtenues
dans la lunette, puis on fait tourner le plateau dans un sens ou dans l'autre,
on constate alors une modification sensible des interférences, modification
d'autant plus grande que le plateau tourne plus vite. Le sens de rotation
est également détecté par cette variation, les interférences
peuvent par exemple augmenter pour un sens, diminuer pour l'autre, suivant
le réglage initial.
L'explication est la suivante : On suppose le plateau
à l'arrêt, et les rayons jaune et bleu superposés.
Dans ce cas les deux trajectoires sont exactement de même longueur,
et il n'y a pas d'interférence dans la lunette. Lorsque le plateau
tourne, dans le sens indiqué, le rayon bleu fait un chemin légérement
plus long que le jaune, ce qui se traduit par une interférence visible
dans la lunette. (L'observateur, qui peut être remplacé par
un appareil photo ou une caméra, tourne avec la lunette.)
Si au départ, les deux trajectoires ne sont
pas de même longueur, on note une interférence, qui se modifie
lorsque le plateau tourne, du fait de l'allongement d'une des trajectoires
et du raccourcissement de l'autre. De simples calculs en mécanique
classique, permettent de prévoir l'amplitude des interférences.
On construit actuellement des appareils connus sous
le nom de "gyroscope optique", ou "gyroscope de Sagnac" qui utilisent ce
phénomène pour détecter les accélérations
non linéaires. (Des sites sur internet en décrivent. Un moteur
de recherche où l'on tape Sagnac permet de les trouver.)
Cette expérience totalement positive, fut
faite après l'élaboration de la relativité restreinte
par Einstein, mais avant sa relativité générale.
Elle semblait contredire le principe de relativité
de 1905, qui faisait de la vitesse de la lumière dans le vide, une
constante universelle.
Puisque sur le plateau tournant, la lumière
va plus vite dans un sens que dans l'autre, lorsqu'elle est mesurée
par rapport à ce plateau, il y a à priori une contradiction
avec le postulat de l'invariance de la vitesse de la lumière.
Après la création de la relativité
générale (1916-1919), on a tenté et on tente toujours
d'interpréter les résultats de l'expérience de Sagnac
au sein de cette nouvelle théorie, mais ce n'est pas plus satisfaisant
que ce qui est fait pour l'expérience de Michelson et Morlay avec
la relativité restreinte. L'attribution, de principes et de vertus
étranges, à l'espace et au temps, est loin de contenter un
esprit rigoureux, surtout lorsqu'existent des explications plus claires
et plus logiques.
Chose curieuse, dans la présentation
traditionnelle de la relativité, on évite souvent de parler
du plateau tournant, et les encyclopédies, dictionnaires et ouvrages
scientifiques évoquent très peu Sagnac et son expérience.
L'interféromètre de Michelson, ressemble par de
nombreux points au plateau tournant, et effectivement cet appareil est
sensible aux accélérations non linéaires, en particulier
à celles dues à la rotation terrestre. Ceci explique en partie
pourquoi l'interféromètre ne donne jamais un résultat
parfaitement négatif.
Mais certaines des nombreuses expériences
de Michelson fournirent parfois un résultat assez significatif (toujours
en deça de celui escompté), qui n'est pas explicable par
la seule rotation terrestre. Le résultat étant attaché
au lieu de l'expérience, il semble que l'appareil ait alors subi
certaines influences locales particulières (peut-être
le champ magnétique ?) .
La question que l'on peut maintenant se poser est: l'expérience de Sagnac a-t-elle modifié les vues d'Einstein? La réponse est probablement oui, car cette expérience ne pouvait que pousser Einstein et ses partisans à élaborer une théorie plus générale de la relativité, et à mieux définir les principes de relativité restreinte.